Les mangroves sont les super-héros de la nature. Aux Comores, comme sur de nombreuses côtes de l’océan Indien occidental, la protection et la restauration des mangroves sont à la fois une priorité en matière de conservation et une action climatique essentielle, contribuant à un avenir plus résilient et durable pour les populations et la nature.
Mohéli possède la plus grande couverture de mangroves aux Comores, s’étendant sur 85 hectares, de Mirigoni à l’ouest jusqu’à Itsamia à l’est. Ces mangroves, côtières et estuariennes, abritent dix espèces documentées.
« Le site de Nioumachoua est le plus vaste en termes de superficie et de diversité d’espèces. Il est bordé de part et d’autre par des parcelles de mangroves intactes », explique M. Fahade Said Manini, Chargé de mission Forêts, Bassins versants et Espèces associées / Centre des opérations, Gestion des données, SIG et informatique, Parc National de Mohéli.
« Les espèces végétales les plus dominantes et vigoureuses appartiennent au genre Rhizophora, la majorité atteignant des hauteurs supérieures à cinq mètres. »
Les mangroves de Mohéli abritent une riche biodiversité : elles servent de nurseries, de refuges et de zones de reproduction pour de nombreuses espèces de poissons, crustacés, mollusques, oiseaux, reptiles et mammifères. La plupart de ces animaux ne sont pas exclusifs aux mangroves mais les utilisent comme abris, lieux d’alimentation et de reproduction. Notamment, les poissons et les crabes présentent une importance socio-économique pour les communautés riveraines.
« Les mangroves contribuent à la pêche locale en augmentant les stocks de poissons. Les crabes sont soit vendus aux touristes, soit utilisés comme appâts par les pêcheurs, ou parfois consommés par une minorité de la population locale, » a déclaré M. Fahade Said Manini.
« Ces riches forêts côtières soutiennent la vie marine, appuient la pêche locale, stockent du carbone et offrent des moyens de subsistance essentiels, en particulier pour les femmes et les jeunes impliqués dans la pêche, l’écotourisme et les pratiques traditionnelles, » ajoute Loubna Hamidi, Responsable Blue Nature, UICN, Comores.
Elles jouent également un rôle crucial comme première ligne de défense contre l’érosion côtière, la montée du niveau de la mer et les événements climatiques extrêmes, contribuant à protéger les communautés insulaires vulnérables et à préserver la biodiversité.
Néanmoins, ces écosystèmes sont de plus en plus menacés par la surexploitation, la conversion des terres, la pollution et les impacts du changement climatique.
« Les mangroves de Mohéli sont des écosystèmes vulnérables, leur vulnérabilité étant liée à deux principaux facteurs – climatiques et non climatiques, » explique M. Fahade Said Manini.
Les facteurs climatiques incluent la hausse des températures, la baisse des précipitations, la variabilité des cyclones et tempêtes, ainsi que l’élévation du niveau de la mer. Les facteurs non climatiques comprennent la dégradation de l’habitat en amont, l’érosion, la sédimentation et la pression humaine, notamment la coupe de bois de mangrove.
Parmi les trois principaux facteurs non climatiques, l’érosion est de loin la plus visible et la plus destructrice, en particulier sur le site de Nioumachoua, caractérisé par de fortes vagues et de grandes houles qui repoussent le rivage et transportent d’énormes quantités de sédiments vers les zones de mangrove. L’expansion agricole a entraîné une dégradation des bassins versants à proximité des mangroves. Les pluies torrentielles durant la mousson représentent également une menace.
Le projet ReSea répond à ces menaces en mettant l’accent sur des approches inclusives et sensibles au genre, qui renforcent les capacités locales, encouragent la responsabilité communautaire et améliorent la résilience climatique.
« Avec le soutien d’Affaires mondiales Canada, le projet ReSea continue d’amplifier son impact en promouvant la conservation et la restauration des écosystèmes côtiers et marins, en protégeant les habitats clés pour les espèces marines et en assurant une protection physique des communautés côtières, » a déclaré Loubna Hamidi.
« L’initiative crée également des opportunités économiques inclusives, avec un fort accent sur l’autonomisation des femmes et des jeunes. À Mohéli, le site de Nioumachoua a été désigné comme site de démonstration de Solutions fondées sur la Nature (SfN), mettant en valeur une conservation communautaire efficace qui lie la santé des écosystèmes à des pratiques durables d’économie bleue. »
À l’occasion de la Journée internationale pour la conservation des mangroves, nous appelons les gouvernements, la société civile et le secteur privé à accélérer et à intensifier les investissements dans des solutions locales, inclusives et durables pour protéger les mangroves et les communautés qui en dépendent.
« Cette journée est une occasion précieuse de sensibiliser largement les communautés locales à l’importance des mangroves dans notre quotidien, en particulier pour les nations insulaires comme les Comores, » a déclaré M. Mouktafi Said Ramadane, Directeur régional de l’Environnement et des Forêts dans le paysage marin de Mohéli.
« Le projet ReSea, financé par le gouvernement du Canada, nous soutient dans le paysage marin de Mohéli en promouvant la sensibilisation et en avançant les solutions fondées sur la nature. L’inclusion des communautés locales, en étroite collaboration avec les parties prenantes locales, est essentielle pour construire une économie bleue durable qui réponde aux besoins du territoire tout en respectant l’environnement. »