Nous sommes heureux d’annoncer qu’un projet d’aide humanitaire d’envergure, financé par Affaires mondiales Canada, débutant le 1er avril 2019 dans l’Extrême-Nord du Cameroun. Ce nouveau projet poursuivra et accroîtra les efforts déjà déployés par la Fondation Jules et Paul-Émile Léger et son partenaire le CDD-Caritas de Maroua-Mokolo depuis 2016.
L’Extrême-Nord du Cameroun est toujours aux prises avec une crise régionale complexe et prolongée qui affecte directement près de 2,1 millions de personnes. La cause immédiate de cette crise, qui affecte aussi plus de 17 millions de personnes au sein de quatre pays de la région, est l’insurrection violente du mouvement armé État Islamique en Afrique de l’Ouest (EIAO), communément appelé Boko Haram. Depuis 2014, les populations camerounaises doivent composer avec les violences du groupe : attaques, massacres, attentats kamikazes, enlèvements, pillages et destruction totale de villages. Aujourd’hui, la menace de Boko Haram a diminué, mais les Camerounais et Camerounaises vivent encore dans l’insécurité, autant alimentaire que physique.
Situation alimentaire et sanitaire difficile
Un nouvel accès à l’eau réalisé grâce au projet financé par Affaires mondiales Canada.
La situation de malnutrition dans la région est alarmante. C’est un enfant sur deux qui souffre de malnutrition aiguë sévère. Étant donné les difficultés d’amasser suffisamment de nourriture pour satisfaire pleinement aux besoins quotidiens, les familles les plus démunies, qui comptent souvent plus de 8 personnes, sautent des repas ; parfois seulement les adultes pour faire manger les enfants, parfois la famille au complet.
L’insécurité alimentaire et la précarité exacerbent les difficultés inhérentes de la vie dans l’Extrême-Nord. Au niveau sanitaire, des problèmes de santé simples, tels que le paludisme, la diarrhée, les infections respiratoires aiguës, les parasitoses intestinales et la malnutrition modérée, lorsque combinés à des conditions de vie inadéquates se transforment souvent en problèmes complexes et chroniques pouvant entraîner la mort.
Protéger et valoriser les droits des femmes et des filles
Le projet vise à redonner et renforcer le pouvoir d’agir des femmes, des filles et des personnes vulnérables directement touchées par la crise
Malgré la volonté et les importants efforts déployés par le gouvernement camerounais pour garantir et protéger les droits des Camerounaises, les inégalités entre les genres persistent, touchant plusieurs sphères de la vie des femmes et des filles.
Pour appuyer les efforts du gouvernement camerounais, la Fondation Jules et Paul-Émile Léger et le CDD-Caritas étendront et renforceront leur offre de service et leurs activités de sensibilisation en matière de santé sexuelle et reproductive, et offriront un soutien spécifique aux survivantes de violence basée sur le genre, en plus de travailler avec les communautés locales pour atténuer les risques auxquels les personnes vulnérables font face.
Dans le cadre de la réponse humanitaire, toutes les femmes et les filles touchées auront l’opportunité d’agir en tant qu’agentes positives de changement vers l’égalité entre les genres. Le projet vise ainsi à redonner et renforcer le pouvoir d’agir des femmes, des filles et des personnes vulnérables directement touchées par la crise.
Ce faisant, le projet continuera d’offrir des soins de santé complets aux femmes enceintes et allaitantes et des services intégrés pour les survivantes de violences basées sur le genre. Par ailleurs, des services complets d’éducation sexuelle communautaire et de l’information sur la planification familiale et sur les moyens de contraception seront aussi offerts. Des activités de sensibilisation sur la violence basée sur le genre et de dépistage du VIH-SIDA seront également organisées.
Par le moyen d’activités génératrices de revenus et des activités d’inclusion financière, les femmes et filles vulnérables auront la possibilité de participer pleinement à la vie socioéconomique de leur communauté. Ceci leur permettra d’accroître leur accès et leur contrôle sur les ressources économiques, leur permettant ainsi de réduire leur vulnérabilité et d’améliorer la résilience de leurs familles et de leur communauté.
Enfin, l’équipe du CDD-Caritas continuera d’engager le dialogue avec les hommes et les garçons, en plus d’avoir recours à des alliés de changement positif masculins pour obtenir leur soutien dans l’évolution du rôle des femmes dans leur communauté et contribuer à l’atténuation des risques de tension et de violence basée sur le genre.
Une aide essentielle
L’objectif ultime du projet est de soulager la souffrance, rehausser et maintenir la dignité humaine et sauver la vie des personnes vulnérables affectées par la crise humanitaire.
Malgré l’augmentation de l’assistance humanitaire et un renforcement de la coordination humanitaire dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun depuis 2015, les besoins urgents en santé, nutrition et protection persistent et continuent même d’augmenter, témoignant de la nécessité de poursuivre et, surtout, d’accroître l’assistance humanitaire pour les populations déplacées et communautés hôtes les plus vulnérables.
Les interventions mises en œuvre par la Fondation Jules et Paul-Émile Léger et le CDD-Caritas sont multiples. Entre autres :
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Construction de points d’eau durables, avec accès et usage sécuritaire
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Accès à une prise en charge médicale complète et gratuite de qualité
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Dépistage et prise en charge médicale de la malnutrition aigüe sévère chez les enfants de moins de 5 ans
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Meilleure capacité de production de nourriture de qualité et diversifiée
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Meilleur accès à des revenus et à des moyens de subsistance satisfaisants
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Formation des populations touchées, particulièrement des femmes et des filles sur leurs droits fondamentaux
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Mobilisation des communautés pour prévenir la violence basée sur le genre et promouvoir la santé et les droits sexuels et reproductifs
Le nouvel appui du Gouvernement du Canada nous aidera à étendre et à renforcer notre réponse aux besoins d’urgence de plus d’une centaine de milliers de personnes déplacées et membres vulnérables des communautés hôtes touchées par la crise. Avec cette intervention, notre objectif ultime est de soulager la souffrance, rehausser et maintenir la dignité humaine et sauver la vie des personnes vulnérables, surtout les femmes et les filles, affectées par la crise humanitaire.
Le Gouvernement du Québec appuie aussi notre réponse
Le 18 mars dernier marquait le lancement officiel d’un nouveau projet de réponse humanitaire dans l’Extrême-Nord du Cameroun, financé par le ministère des Relations internationales et de la Francophonie du Québec (MRIF). En complément à la réponse humanitaire financée par Affaires mondiales Canada, et toujours en partenariat avec le CDD-Caritas, ce court projet d’une durée de 3 mois répond aux besoins d’urgence de communautés camerounaises nouvellement déplacées qui ont subi les violences du groupe armé Boko Haram.
En effet, depuis janvier 2019, une recrudescence des incursions et des attaques nocturnes ciblent plusieurs villages camerounais situés dans le département de Mayo-Tsanaga, à la frontière avec le Nigéria. Au total, 300 maisons ont été brûlées, des récoltes entières pillées ou détruites, et des moyens de transports locaux, des écoles et une église complètement détruits. À ce jour, on dénombre environ 2 400 personnes, soit environ 400 familles, ayant tout perdu dans ces attaques et qui sont dans l’impossibilité de répondre à leurs besoins primaires. Pour assurer leur sécurité et tenter de répondre à leurs besoins de base, plusieurs membres des communautés touchées ont dû se réfugier dans des villages voisins, et d’autres, pour assurer leur sécurité, sont contraints de passer la nuit cachés dans les boisés se trouvant autour de leur village.
Grâce à l’appui du MRIF, une réponse monétaire immédiate et inconditionnelle sera offerte aux familles touchées afin qu’elles puissent répondre à leurs besoins urgents dans la dignité.
Nous sommes reconnaissants de pourvoir compter sur l’appui des gouvernements du Canada et du Québec qui, tout comme nous, ont à cœur la dignité humaine de tous et de toutes, et particulièrement des personnes vulnérables et marginalisées.