Par Coline Camier, Conseillère principale en égalité de genre
Un bilan nécessaire dans la lutte pour l’égalité
Pourquoi ce 8 mars est-il important ? Pour les militant·es, les personnes engagées et tout simplement les allié·es, le 8 mars est toujours un moment de faire une sorte de bilan. De constater l’évolution des revendications, qui varient d’années en années, de 8 mars en 8 mars, et qui tendent malheureusement à s’accumuler plutôt que de se remplacer.
Chaque changement d’angle montre à quel point les enjeux sont complexes, entrecroisés, structurels, conjoncturels mais aussi d’ordre culturel, économique, social et politique. Lorsqu’on parle des enjeux d’égalité entre les femmes, les hommes et les personnes non binaires, les raccourcis arrivent vite. Et dans notre monde où tout va de plus en plus vite, où les décisions se prennent souvent à huis clos, avec un manque d’écoute de perspectives variées et finalement de réelle prise en compte de l’impact de ces mêmes décisions.
Les crises exacerbent les inégalités : une réalité indéniable
Le thème du collectif du 8 mars cette année est « Ça gronde ». Oui : les crises empirent les inégalités et les violences. Et ce sont les femmes et les filles qui paient le prix le plus cher de toutes ces catastrophes. Ici comme partout. C’est désormais connu, entendu et documenté. En 2023, le Forum économique mondial estime le temps nécessaire pour combler les inégalités femmes-hommes dans le monde à 131 ans. En 2020, il estimait ce temps nécessaire à 99,5 ans : la pandémie de Covid-19 a fait reculer d’une génération supplémentaire l’atteinte de la parité.
Alors oui, nous sommes en colère. D’essayer de le faire comprendre, de le dire de différentes façons et de le crier haut et fort depuis des décennies maintenant et de subir des représailles pour nos « discours revendicateurs ». Pourtant l’essentiel de ces revendications demeure tout simplement l’égalité des droits et de fait.
Dépasser les raccourcis
Pourquoi est-ce d’autant plus urgent? Parce que les enjeux se retrouvent toujours plus complexes, reflétant la fascinante diversité de nos rapports humains et sociétaux à travers le monde. Plusieurs recherches indiquent certes que la plupart des gens se disent convaincus de l’égalité entre les genres.
Cependant, pour les nouvelles générations, les différences de « chances » sont moins frappantes : les filles excellent à l’école, sont surreprésentées à l’université et ne font pas toujours face à de la discrimination lors des premiers emplois, même si celle-ci survient souvent plus tard. Également, les choix de carrière demeurent très genrés malgré des percées dans certains corps de métier. Sans une profonde mise en contexte, les garçons et les filles auront tendance à ne pas vraiment saisir les formes modernes et insidieuses du sexisme.
Mission inclusion : notre engagement
C’est pourquoi Mission inclusion travaille de façon cohérente et complémentaire au Québec et à l’international.
À Québec, la clinique SPOT incarne un modèle de soins inclusifs, offrant des services de santé adaptés aux populations en situation de marginalisation, incluant les femmes sans statut migratoire, en éliminant activement les barrières à l’accès aux soins. Le soutien de Mission inclusion permet d’assurer un suivi de grossesse gratuit et des références vers des ressources essentielles pour des personnes qui ne sont pas couvertes par la RAMQ, entre autres services.
À l’international, nous soutenons le CAFED, une organisation féministe en RDC, à Goma, où les communautés vivent dans une situation de crise de plus en plus en plus violente. Elles sont spécialisées dans le soutien aux survivantes de violences qu’elles soutiennent dans les camps de déplacés. Leur voix pour faire valoir les droits des femmes est cruciale dans cette lutte.
Ces initiatives, tant au niveau local qu’international, illustrent notre approche basée sur les droits, pour renforcer les réponses et les mécanismes de gestion et de gouvernance, plus inclusifs pour lutter contre les inégalités systémiques, promouvoir le respect des droits humains et garantir l’accès universel aux services de base.
Passons à l’action
L’heure n’est plus aux demi-mesures, une réelle prise de conscience pour une transformation sociétale est essentielle. Ensemble, nous pouvons démanteler les structures patriarcales, racistes, coloniales, obsolètes et bâtir une société qui valorise et respecte les droits de chaque personne.
Alors engageons-nous aujourd’hui pour un demain plus juste, où l’égalité des genres sera la norme, non l’exception. Peu importe le pays ou le contexte, et surtout en période de crise. Car en fin de compte, investir dans les femmes, c’est investir dans un avenir où les droits humains sont universellement respectés et célébrés.